Objectif

L’insécurité alimentaire existe « lorsque la disponibilité d’aliments sûrs et adéquats sur le plan nutritionnel ou la capacité d’acquérir des aliments acceptables par des moyens socialement acceptables est limitée ou incertaine » (par exemple, sans avoir recours à des réserves alimentaires d’urgence, à la récupération des déchets, au vol et à d’autres stratégies). Elle est associée à des résultats moins bons pour la santé (succès sous-optimal du traitement) des personnes vivant avec le VIH. L’infection chronique par le virus de l’hépatite C (VHC), combinée au VIH, peut contribuer davantage aux complications de santé et de traitement liées à l’insécurité alimentaire. La CTN 264 a exploré les facteurs de risque d’insécurité alimentaire et les conséquences de l’insécurité alimentaire chez les personnes vivant avec le VIH et le VHC.

Population ou plan d’étude

La CTN 264 était une sous-étude de la cohorte canadienne de co-infection (CTN 222), une cohorte nationale qui suit plus de 1 500 participants canadiens vivant à la fois avec le VIH et le VHC. La sous-étude sur la sécurité alimentaire a recruté des participants de la CTN 222. À l’aide d’un outil de mesure créé par Santé Canada, les participants ont été invités à remplir un questionnaire pour mesurer leur état de sécurité alimentaire. Une insécurité alimentaire modérée signifie qu’une personne peut être amenée à faire des compromis sur la qualité ou la quantité de nourriture qu’elle consomme. L’insécurité alimentaire grave signifie que les apports alimentaires sont considérablement réduits et que les habitudes alimentaires sont perturbées.

Diverses variables sociales, économiques, comportementales et cliniques ont été utilisées pour identifier les facteurs de risque d’insécurité alimentaire et explorer les résultats associés à l’insécurité alimentaire au fil du temps.

Approche de l'étude

Les analyses préliminaires de ces données ont révélé que 59 % des participants (312 sur 525) étaient en situation d’insécurité alimentaire (modérée, 24 %; grave, 35 %) lors de leur première visite de l’étude. La consommation récente de drogues injectables (au cours des six derniers mois) était significativement associée à l’insécurité alimentaire, et environ un tiers des participants à l’étude s’étaient récemment injectés des drogues. L’apparition récente de symptômes dépressifs était également associée de manière significative à l’insécurité alimentaire et environ la moitié des participants ont connu de tels symptômes.

L’un des facteurs les plus importants liés au VIH et à l’insécurité alimentaire est son effet sur la suppression virale. Dans une méta-analyse de 11 études antérieures, l’équipe de la CTN 264 a montré que les personnes en situation d’insécurité alimentaire avaient 29 % moins de chances d’obtenir une suppression virale complète du VIH. Cette constatation a été confirmée dans une analyse de 2018 de la cohorte de l’étude CTN 264, où l’équipe a également appris que les personnes ayant connu une insécurité alimentaire grave présentaient une numération de CD4 inférieure à celle des personnes en situation de sécurité alimentaire. Des analyses ultérieures ont montré que la consommation de drogues injectables, en particulier la consommation hebdomadaire, était associée à l’insécurité alimentaire, et que le traitement de méthadone était associé à un risque moindre d’insécurité alimentaire grave.

La relation entre l’insécurité alimentaire et la dépression a été un autre point central pour l’équipe de la CTN 264. Plus de la moitié de la cohorte de la CTN 264 présentait des symptômes dépressifs au début de l’étude. Une insécurité alimentaire plus grave était associée à un risque accru de symptômes dépressifs; les personnes en situation d’insécurité alimentaire grave étaient deux fois plus susceptibles de présenter des symptômes dépressifs que les personnes en situation de sécurité alimentaire. Les personnes présentant des symptômes dépressifs avaient un risque accru de 32 % d’avoir une charge virale du VIH détectable. En outre, les personnes présentant des symptômes dépressifs étaient moins susceptibles d’initier un traitement pour leur VHC en utilisant des thérapies à base d’interféron. Cependant, maintenant que les antiviraux à action directe sont disponibles, on ne sait pas si les symptômes dépressifs auraient un effet sur l’initiation du traitement dans cette population.

Conclusion

L’insécurité alimentaire est un facteur complexe et important qui affecte la capacité des personnes à accéder aux soins et à gérer leurs infections par le VIH et le VHC. La CTN 264 a permis d’identifier des cibles potentielles pour les politiques, les programmes et les futurs domaines de recherche afin de réduire l’insécurité alimentaire chez les personnes vivant avec le VIH et le VHC. L’étude a notamment mis en évidence l’importance de comprendre et de traiter la consommation de drogues injectables et les symptômes dépressifs, car ils sont liés à la réussite du traitement chez les personnes en situation d’insécurité alimentaire.

Publications communautaires 

HepCBC Bulletin (page 3)

Positive Living Magazine (page 23)

Investigateurs principaux

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